Les dernières élections législatives italiennes ont eu lieu au début du mois de mars 2018. Elles ont correspondu à la victoire des forces anti-système. Le Movimento 5 Stelle d’un côté ; la Ligue et ses alliés de l’autre. Aucune majorité distincte pour personne, mais ces deux mouvances dites « populistes » avaient des points communs, comme l’euroscepticisme ou le rejet de l’immigration massive. Il leur aura cependant fallu plus de deux mois pour se mettre d’accord sur un programme commun de principe et un gouvernement. Alors que tout semblait prêt, le nouveau cabinet a été rejeté par le président de la République italienne actuellement en place, Sergio Mattarella, qui a opposé son veto. Celui-ci a été élu en 2015 par les parlementaires italiens. Il est du centre gauche. Ce geste inattendu a fait l’effet d’un coup de tonnerre et relancé la crise politique italienne. À terme, ce refus d’un gouvernement consensuel pourrait s’avérer contre-productif pour les ambitions de la présidence.
Matteo Salvini, leader de la Ligue, et Luigi di Maio, le chef de file du M5S, avaient invité le professeur Giuseppe Conte à former un gouvernement comptant des membres des différents partis de la nouvelle « majorité » consensuelle. Mais le président Mattarella a opposé son veto en prenant prétexte de la personnalité choisie pour le portefeuille de l’Économie, Paola Savona, une eurosceptique. Conte n’a pas apprécié la manœuvre et se refuse à se plier aux volontés présidentielles en changeant de ministre. Le président souhaite désormais la constitution d’un cabinet « neutre » sous la houlette de l’économiste passé par le FMI Carlo Cottarelli, ce qui n’est pas sans rappeler la gouvernance technocrate de Mario Monti qui avait déçu les Italiens il y a peu de temps encore. Le président italien a sans surprise été vertement interpellé par différentes personnalités politiques. Certaines parlent de « trahison de la Constitution ». Une procédure de destitution et de jugement pour « haute trahison » a même été évoquée. Sinon, il pourrait y avoir de nouvelles élections à l’automne. Les sondages actuels font état d’une potentielle augmentation des scores électoraux des mouvements anti-système M5S et de la Ligue déjà majoritaires. Difficile de prévoir où tout cela débouchera en Italie…