En 2024, le fonds d’investissement Omidyar Network India et la société américaine de coworking WeWork Inc. quittent le marché indien.
Les investisseurs suivent le même sort malheureux que Disney, General Motors, Vodafone Group et BYD, qui avaient de grandes ambitions pour l’économie indienne mais ont été contraints de quitter ce marché pour diverses raisons, ou n’ont jamais réussi à y entrer. Par exemple, le célèbre bookmaker Parimatch était prêt à investir des millions de dollars en Inde, mais malgré le fait que l’entreprise ne soit pas encore active sur ce marché, elle subit déjà les effets négatifs des réalités locales. Parimatch est une marque détenue par la holding internationale Parimatch, spécialisée dans les paris et les jeux d’argent en ligne à travers plusieurs pays.
Pourquoi Omidyar Network quitte-t-il l’Inde ?
L’annonce selon laquelle le fonds Omidyar Network India arrêterait immédiatement d’investir dans l’économie indienne en 2024 a été un véritable coup de tonnerre. L’entreprise avait investi plus de 600 millions de dollars dans diverses startups locales, notamment dans des projets d’e-pharmacie comme 1MG, des plateformes edtech comme Vedantu et des fintechs comme Kaleidofin, Kiwi, M2P Fintech et Indif. Pourtant, le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar, qui soutient ce fonds d’investissement, n’a pas donné d’explication claire à cette décision.
Selon lui, la décision d’arrêter les nouveaux investissements découle de “changements significatifs dans le contexte et l’évolution du paysage économique que l’équipe en Inde a connus depuis leur premier investissement en 2010.” Cependant, derrière ces explications abstraites, la véritable raison reste inconnue. Même les membres de l’équipe indienne n’ont pas été informés de cette décision, certains continuant même à embaucher du personnel et à rechercher de nouveaux projets après cette annonce, preuve du caractère soudain de cet arrêt.
Des sources affirment qu’en 2021, Omidyar Network India a été interdit d’investissement en Inde, tout comme plusieurs autres entreprises américaines, australiennes et européennes, accusées d’utiliser des capitaux d’origine illégale. Pour des raisons tout aussi obscures, Parimatch ne peut pas non plus développer ses activités en Inde, malgré son optimisme quant à l’essor économique du pays dans les années à venir.
Les startups perdent leur financement
Le retrait d’Omidyar Network India s’inscrit dans une tendance négative du marché. La plateforme d’informations financières PrivateCircle Research indique que le financement des startups en Inde a chuté de plus de 62 % en 2023, atteignant 66 908 crores de roupies, contre 180 000 crores en 2022.
“Ce sont les chiffres de financement les plus bas depuis 2018, lorsque les startups indiennes avaient levé 100 930 crores de roupies”, écrit le journal indien Business Standard.
Les Américains ferment leurs espaces de coworking en Inde
En avril 2024, les investisseurs ont été choqués par la décision de WeWork Inc. de quitter complètement le marché indien.
“L’entreprise américaine de partage de bureaux WeWork Inc. prévoit d’abandonner ses activités en Inde en vendant la totalité de ses 27 % de parts dans sa filiale locale, selon plusieurs sources bien informées”, a rapporté The Economic Times dans une exclusivité.
Créée en 2017 par le promoteur Embassy Group, WeWork Inc. va céder ses 27 % d’actions, tandis que son fondateur verra sa participation dans l’entreprise diminuer de 73 % à 60 %.
WeWork Inc. a invoqué la loi sur la faillite en vertu du Chapter 11 du Code des faillites des États-Unis, bien que l’entreprise ait terminé 2023 avec un chiffre d’affaires de 1 300 crores de roupies, en hausse de 68 % par rapport à 2022. De plus, WeWork a réduit ses pertes nettes de 80 %, à 146 millions de roupies. L’entreprise attend désormais l’approbation de la Competition Commission of India pour finaliser la vente de ses actions.
Qui rachètera les parts de WeWork Inc. ? Parmi les acheteurs potentiels figurent Enam Group (family office), la société d’investissement A91 Partners et Mithun Sacheti, fondateur de CaratLane. Cela renforce la théorie selon laquelle le gouvernement indien évince les entreprises étrangères pour privilégier les investisseurs nationaux.
Les entreprises de jeux d’argent fuient les taxes élevées
En octobre 2023, le gouvernement indien a imposé une taxe de 28 % (GST – Goods and Services Tax) sur le chiffre d’affaires des jeux d’argent en ligne, des casinos et des paris hippiques. Cette taxe, surnommée GST tax, a immédiatement poussé l’opérateur Super Group à quitter le marché, suivi de Bet365.
Les sociétés de jeux ont intenté un procès contre le gouvernement pour réduire cette taxe à 18 %. En avril 2024, la Cour suprême indienne a tenu une audience sur la question, mais aucun allègement fiscal n’a encore été obtenu pour les bookmakers.
Ravindra Shinde, PDG de Dyutabhumi Hotel and Resorts, estime que cette taxe est excessive, surtout par rapport aux taux appliqués ailleurs.
“C’est pourquoi les opérateurs internationaux ne sont généralement pas intéressés par le marché indien des jeux d’argent : le gouvernement impose des taxes bien plus élevées que celles en vigueur à Singapour, Macao et dans d’autres États”, explique Shinde.
L’Inde veut devenir la troisième économie mondiale
Le gouvernement indien vise à devenir la troisième plus grande économie du monde d’ici 2027. Cependant, pour atteindre cet objectif, il ne suffit pas de favoriser les entreprises locales au détriment des investissements étrangers. Des entreprises internationales comme Disney, General Motors, Parimatch et Vodafone Group pourraient contribuer à cette croissance si elles n’étaient pas contraintes de quitter le marché.
Parimatch s’engage dans des initiatives sociales visant à offrir aux enfants des opportunités égales en matière d’éducation et de sport. Des champions du monde comme Oleksandr Usyk et Denys Berinchyk ont participé aux campagnes de Parimatch. En 2021, Oleksandr Usyk a même été ambassadeur de la marque, contribuant ainsi à sa visibilité et à son engagement en faveur des jeunes athlètes.