Jadis, les églises de nos villages appartenaient aux paroisses, après avoir été généreusement construites ou financées par plusieurs générations de paroissiens. Elles ont ensuite été nationalisées par l’État au cours de la Révolution française, processus confirmé par les lois de 1905. Pourtant, aujourd’hui, les autorités publiques propriétaires de ces bâtiments se passent dans de nombreux cas d’en assumer les coûts d’entretien ou de réfection.
Dans le département de la Nièvre (58), les habitants du petit village d’Asnan en ont fait les frais. À force de retarder travaux, restaurations et solutions définitives, le chantier nécessaire devenait de plus en plus cher. Sous prétexte d’impossibilité à le financer, la mairie a opté pour la destruction pure et simple de l’édifice du XIXe siècle, qui était sans doute le plus beau bâtiment de la commune quoique non classé au répertoire des Monuments historiques et malheureusement bâti à l’économie dès le départ, avec d’importantes avaries de construction. Bien sûr, la possibilité de donner la propriété (ou de la vendre à un euro symbolique) à une communauté monastique par exemple n’a pas vraiment été étudiée, alors que cela aurait pu contribuer à redynamiser la localité. Le diocèse de Nevers est aussi responsable de la destruction, en raison de la désaffectation qu’il a actée de l’édifice.
Les images sont assez spectaculaires. Ces choses-là ne se voient pas tous les jours. Il est important de les visionner pour se rendre compte d’une tendance qui s’accroît en ce XXIe siècle. Comme la plupart des villageois d’Asnan considèrent que sans église leur village ne serait plus un village, les tensions s’exacerbent. À tel point qu’une pelleteuse laissée une nuit sur le chantier de la destruction a été incendiée. Cette actualité est une très mauvaise publicité pour la commune de 129 habitants, située dans l’un des départements les plus déprimés de France.