Eh oui, vous avez bien lu. La corvée, fastidieuse et obligatoire, existe encore bel et bien de nos jours en Afrique. Elle est officiellement légalisée au Rwanda, à raison de douze jours par an. Une fois par mois, les Rwandais se retrouvent sous peine d’amende pour l’« umuganda », un jour dédié aux corvées physiques communautaires. Il s’agit du dernier samedi de chaque mois. Pour communiquer, même des présidents mettent la main à la pâte, à l’instar de Paul Kagame en 2014.
Cette réalité nous paraît très étonnante à nous autres Français. En effet, elle nous semble être un vestige de la féodalité du Moyen Âge dont nous aurions été libérés. On oublie cependant de préciser que la corvée a presque toujours concerné des travaux communautaires et villageois, concernant notamment les routes qui n’étaient ni une propriété privée ni une propriété publique, mais un bien en commun. Beaucoup préféraient donner un peu de temps de travail à sa propre communauté… plutôt que de s’acquitter d’une fiscalité en nature ou en numéraire. Aujourd’hui, si nous n’avons plus de corvée physique officiellement instituée, nous sommes cependant assujettis à une fiscalité qui dépasse de loin la valeur d’une douzaine de jours de travail. En effet, c’est plus de la moitié du PIB qui fait en France l’objet de prélèvements obligatoires !
Le cas rwandais nous permet de mieux comprendre ces réalités, parfois opposées à des lieux communs largement partagés. Le reportage de l’umuganda à Kigali par France 24 nous explique en outre que ces corvées sont l’occasion de consolider l’unité nationale du Rwanda. Umuganda signifie littéralement « jour du nettoyage ». La police veille au bon déroulement de la journée, avec l’aide des « chefs de secteur ». Les populations acceptent très bien cette pratique aux origines ancestrales et semble-t-il fort utile pour la société.