Le médiateur national de l’énergie, Olivier Challan Belval, dénonce les pratiques de certains fournisseurs de gaz et d’électricité qui sous-évaluent délibérément les mensualités de leurs clients, entraînant de lourdes factures de régularisation.
Un avertissement sévère du médiateur national de l’énergie
Olivier Challan Belval, médiateur national de l’énergie, a adressé un « carton rouge » retentissant aux fournisseurs d’énergie Engie, ENI, Ohm Énergie et Wekiwi le mardi 14 mai. Ce geste fort vise à mettre en lumière des pratiques commerciales considérées comme trompeuses, notamment la sous-évaluation des mensualités de gaz et d’électricité. Les consommateurs, attirés par des prix initialement compétitifs, se retrouvent souvent avec des régularisations extrêmement élevées de plusieurs centaines, voire milliers d’euros.
Des mensualités délibérément sous-évaluées
Le rapport annuel du médiateur est formel: ces pratiques sont destinées à induire les consommateurs en erreur sur le coût réel de leur énergie. En sous-évaluant les mensualités, les fournisseurs offrent l’illusion de tarifs attractifs. Cependant, cette stratégie se révèle bien souvent coûteuse pour les clients lorsqu’arrive la facture de régularisation. Les consommateurs se sentent ainsi piégés face à des charges imprévues et parfois insurmontables.
Wekiwi sous le feu des critiques
C’est la deuxième année consécutive que Wekiwi reçoit un « carton rouge » pour ses pratiques jugées déplorables tout au long de la vie des contrats de ses clients. Ce fournisseur est notamment accusé de démarchages abusifs et d’offres trompeuses dont la compréhension est particulièrement complexe. Une situation qui alourdit encore le fardeau pour les consommateurs, déjà confrontés à des factures difficilement anticipables.
Augmentation des litiges liés aux changements de prix
Parallèlement aux remarques sur les mensualités, Olivier Challan Belval a également relevé une hausse significative des litiges en lien avec les changements de prix. Le nombre de saisines du médiateur est resté relativement stable en 2023 avec 13 999 cas contre 13 751 en 2022. Cependant, les plaintes spécifiques aux changements de prix ont bondi de 74 % sur la même période. Wekiwi se distingue encore une fois, avec 612 saisines pour 100 000 contrats, soit un taux quinze fois supérieur à la moyenne.
Des infractions au Code de la consommation signalées
La majorité de ces saisines ont été signalées à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). Le médiateur souligne le non-respect de plusieurs dispositions du Code de la consommation par ces fournisseurs d’énergie. Ces signalements ne font qu’aggraver les inquiétudes concernant la transparence et l’éthique dans la fourniture d’énergie.
Enedis également épinglé
Le gestionnaire de réseau de distribution Enedis n’échappe pas aux critiques du médiateur. Un « carton rouge » lui a également été attribué pour le mauvais traitement des réclamations de ses clients. Celles-ci concernent principalement la qualité de la fourniture d’électricité et les demandes de raccordement, des points névralgiques pour la satisfaction des consommateurs.
Que fait le législateur ?
Face à la gravité des accusations, Olivier Challan Belval appelle le Parlement à agir. Il plaide pour une législation renforcée avant la fin de l’année 2024 afin de protéger les consommateurs d’énergie de manière plus efficace. Selon lui, des mesures légales sont indispensables pour corriger ces dérives et rétablir une relation de confiance entre fournisseurs et consommateurs.
Des solutions pratiques pour les consommateurs
Le médiateur rappelle également l’existence d’un comparateur d’offres en ligne (https://comparateur.energie-info.fr) qui permet aux consommateurs de vérifier et comparer les propositions des différents fournisseurs d’énergie. Il incite aussi les clients à changer de fournisseur si nécessaire, une opération désormais possible à tout moment et sans frais. Cette option permet de ne plus rester prisonnier de contrats aux pratiques douteuses et de choisir des entreprises plus transparentes et éthiques.
Olivier Challan Belval espère ainsi que ses avertissements ne resteront pas lettre morte. La question centrale demeure : les fournisseurs d’énergie ajusteront-ils leurs pratiques pour éviter de nouvelles sanctions, ou continueront-ils à risquer la confiance de leurs clients pour quelques euros de plus ?